Interview

Festival Les Boréales

Fredrika Stahl & Orchestre.

Entretien avec Fredrika Stahl, une artiste aux multiples facettes, à la croisée des cultures et des émotions.

« J’ai toujours rêvé de reprendre mes chansons avec un orchestre. J’ai eu la chance d’enregistrer avec des orchestres pour certains albums ou musiques de films, mais jamais dans le cadre d’un concert. Lorsque je suis venue jouer au festival des Boréales en 2022, j’ai confié ce rêve à Jérôme Rémy, le programmateur. Je n’aurais jamais imaginé qu’il me rappellerait deux ans plus tard pour lui donner vie. Revisiter mes chansons — les anciennes comme les nouvelles — aux côtés de Romain Didier et Léo Warynski – est une aventure extraordinaire. Ces deux concerts seront pour moi des moments chargés d’émotion, que j’attends depuis toujours ».
Fredrika Stahl

Votre musique navigue entre le jazz, la pop, la musique de film… Que vous apporte cette diversité de styles ?

Je suis complètement autodidacte, j’ai toujours appris la musique en la pratiquant, sur le moment. Ce qui m’anime, c’est justement d’explorer des territoires inconnus, d’aller là où je ne suis encore jamais allée. J’ai commencé dans un univers très jazz, puis je me suis tournée vers la pop, la musique de film… et aujourd’hui, je réalise un rêve : jouer avec un orchestre. C’est à la fois une grande excitation et une petite peur – mais c’est exactement ce que j’aime : sortir de ma zone de confort, découvrir, tester.

La musique semble dépasser les barrières culturelles. Est-ce quelque chose que vous ressentez dans votre parcours ?

Complètement. Ce qui me motive profondément, c’est le partage. Ce moment où la musique permet une connexion sincère et forte, même entre inconnus, même quand on ne parle pas la même langue. J’ai vécu une expérience incroyable en enregistrant un chœur dans le nord de l’Italie : ni eux ni moi ne parlions la langue de l’autre. Et pourtant, on a partagé un moment d’une rare intensité, sans même pouvoir se demander s’il fallait du sucre dans le café… C’est ça, la magie de la musique.

Vous êtes suédoise, vous chantez en anglais, vous collaborez avec un orchestre français. Est-ce que cette dimension internationale fait partie de votre identité artistique ?

Je suis née en Suède, mais j’ai grandi en France avant de retourner en Suède. Longtemps, j’ai cherché à savoir si j’étais plutôt française ou suédoise, ce qui était un peu perturbant enfant. Aujourd’hui, je n’ai toujours pas de réponse, mais je vis ça comme une richesse.

Quand j’ai enregistré un album en Angleterre, le producteur m’a dit : “Il y a quelque chose de très français dans ton piano.” Et c’est là que j’ai réalisé que mes influences sont bien plus mélangées que je ne le pensais. J’ai grandi dans une école internationale avec plus d’une douzaine de nationalités différentes… Cela m’a rendue curieuse, ouverte. Et finalement, plus je me retrouve dans un univers inconnu, plus je suis excitée à l’idée de créer.

Comment décririez-vous ce nouveau projet orchestral ?

C’est un rêve devenu réalité. Moi qui compose souvent seule, j’ai confié mes chansons à un arrangeur. Ce n’est pas facile de lâcher prise, mais ça m’a permis de redécouvrir mes propres morceaux à travers une nouvelle dimension orchestrale. J’avais déjà travaillé avec des orchestres pour des musiques de film, mais jamais autour de mon propre répertoire. C’est une chance incroyable.

Qu’aimeriez-vous que le public ressente en venant vous écouter en concert ?

On ne peut pas imposer ce que le public va ressentir, mais j’espère qu’il vivra un moment fort, de partage. Dans un monde aussi complexe que le nôtre, on a besoin de beauté, de lumière, d’émotion collective. L’art, c’est ça : une expérience qu’on vit ensemble. C’est très différent d’écouter un album seul chez soi. Le concert crée une émotion commune, un lien.

Est-ce que mélanger les styles et les genres, c’est aussi une manière de rassembler les publics ?

Absolument. Ce projet, c’est une rencontre entre plusieurs mondes : la chanson et la musique symphonique. C’est passionnant pour moi, mais aussi, je pense, pour les musiciens classiques. Et moi, ça me reconnecte à l’instant, à la spontanéité. On crée ensemble, chacun fait un pas vers l’autre. Ce dialogue nourrit les artistes, mais aussi le public, qui vit une expérience nouvelle, inattendue.

Qu’aimeriez-vous dire à celles et ceux qui hésitent encore à venir découvrir ce projet ?

Je suis une artiste très sensible, et je sais déjà que ce concert sera un moment extrêmement fort pour moi. C’est une magie qu’on ne peut pas expliquer avec des mots. Il faut la vivre. J’espère que le public ressentira cette intensité, qu’il repartira différent, avec quelque chose en plus. C’est ça, notre mission. Toucher, émouvoir, transmettre. Peu importe le style musical. Ce qui compte, c’est la sincérité.

Propos recueillis le 3 octobre 2025 à Mondeville

En concert au 106 le Jeudi 20 novembre !